Une des affaires les plus célèbres en matière de responsabilité environnementale est celle de l’action destructrice de Chevron/Texaco en Équateur : durant vingt-cinq années, entre 1967 et 1992, l’industriel pétrolier américain a dévasté les territoires indigènes de l’Amazonie et empoisonné plus de 30 000 personnes, majoritairement indigènes, qui vivent désormais dans la zone au taux de cancer le plus élevé d’Amérique latine.
En 1993, les victimes de ces pratiques néfastes décident d’initier une procédure judiciaire vis-à-vis de Texaco devant la justice des États-Unis. L’entreprise a répliqué en plaidant l’incompétence du juge états-unien et obtenu au bout de neuf ans de procédure que l’affaire soit renvoyée vers les tribunaux équatoriens... pour ensuite accuser la justice équatorienne d’être corrompue. En 2013, l’entreprise Chevron-Texaco a été reconnue coupable et condamnée à payer 9,5 milliards de dollars par le tribunal de Lago Agrio pour les dommages causés entre 1967 et 1992 101. Depuis, le jugement a été invalidé par la Cour permanente d’arbitrage de La Haye, qui a estimé que ce jugement violait les obli- gations de la République de l’Équateur en vertu des traités internationaux, des accords d’investissement et du droit international 102. La saga judiciaire Chevron/Texaco est en ce sens un cas d’école sur la difficulté d’engager la responsabilité civile des entreprises transnationales pour de graves atteintes à l’environnement et à la santé.