Les activistes qui prennent la parole pour dénoncer et lutter contre les violations de leurs droits font face à de nombreuses menaces et peuvent y laisser la vie. En Asie et en Amérique latine, une augmentation notable des menaces, des violences et des meurtres de défenseuses des droits humains a eu lieu ces dernières années. Selon un rapport de Global Witness (Last line of defence, 2021), en 2020 l’Amérique latine (en particulier la Colombie et le Mexique) comptait 75% des assassinats recensés et 226 des 277 assassinats recensés avaient pris place dans des pays du Sud. Les activistes pour les droits fonciers et environnementaux sont les plus menacées. Elles sont exposées à des risques supplémentaires et distincts, et notamment les violences sexuelles, l’humiliation publique à caractère misogyne, le harcèlement en ligne et les violences domestiques. Les femmes doivent souvent relever un double défi : la lutte publique pour la protection de l’environnement, de leurs terres et de leurs droits, et la lutte moins visible pour leur droit à la parole au sein de leur communauté et de leur famille.
Selon ce même rapport, 227 défenseuses et défenseurs de l’environnement ont été assassinés au cours de l’année 2020. Près de 30% de ces attaques se sont produites dans le cadre de l’exploitation des ressources (exploitation forestière, mines et agro-industrie à grande échelle), de barrages hydroélectriques et d’autres grandes infrastructures. L’exploitation forestière est le secteur lié au plus grand nombre de meurtres, avec 23 cas recensés. Les entreprises ont leur part de responsabilité dans cette situation. En effet, le modèle économique extractif qui privilégie la recherche de profit au détriment de la protection des droits humains et de l’environnement conduit à la perpétration des crimes susmentionnés et à des situations d’impunité quasi-totale.